Argument

Assimilée au « génie » dès l’Antiquité, abandonnée aux poètes par les aliénistes, subsumée dans la psychose par Kraepelin, disparue dans les classifications contemporaines internationales, la mélancolie continue à subrepticement distiller sa vapeur de bile noire dans certains troubles dépressifs du DSM. Alors que la psychiatrie du XIXème siècle délaisse le terme, son signifiant relégué à un vague mal de vivre et à une insatisfaction persistante que la génération romantique a porté au « sublime », c’est pourtant celui-là que Freud choisit dans son investigation métapsychologique de 1915. Elle fait depuis œuvre de résistance tant dans la littérature que dans la psychanalyse contemporaines. Que peut apprendre la psychanalyse des formes et des mots de la mélancolie du poète ? Comment la littérature, quand elle y consent, se laisse-t-elle interroger par la mélancolie de la parole dans la cure ? Ce colloque s’intéresse de façon croisée à ses courants traversant, des plus tonitruants aux plus dormants, des plus ravageurs aux plus pernicieusement silencieux. Au-delà de leur coloration phénoménologique affective, on écoutera, dans ces deux champs, l’attachement des mots du moi mélancolique à tenir au secret la passion pour son objet incertain et défiguré, assouvie à l’aune de sa mise à mort à perpétuité.

Personnes connectées : 2 Vie privée
Chargement...